En dépit de l’indifférence que les haïtiens, des « nomades en transit sur la terre de Dessalines », manifestent envers le fonctionnement de ce pays et de ses institutions ; certaines ne sauraient leur échapper. Celles-là, qui sont vraiment incontournables. Celles qui rendent leur attitude de nomade opérationnelle.
La plus grande activité de la jeunesse haïtienne depuis quelques années est la migration. Evidemment, la migration à quel que soit le prix. Pour des raisons qui vont plus loin que la pauvreté ; toute possibilité et toute institution rendant possible de quitter le pays, intègre le champ des repères de cette jeunesse.
La DIE et la DCPJ en tête de liste
La Direction de l’immigration et de l’émigration (DIE), dont l’émigration semble devenir son activité principale, est l’une des boîtes les plus connues aujourd’hui. Malgré une offre de service très pauvre qui fait, quand même, l’affaire des fonctionnaires de cette boîte et de leurs fameux associés « les racketeurs ».
« Tout est dans l’irrégularité » dans ce domaine. « Nous sommes à l’heure où favoriser l’impression des passeports, de manière régulière est un acte héroïque ». Il ne serait pas étonnant que la quantité de passeport émis sur une période de temps soit un grand indice de réussite pour les dirigeants.
D’un autre côté, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) est aussi très connue vue; l’importance accordée au certificat de bonne vie et mœurs pour certains cas de partance. Les étudiants savent de quoi il est question. Cependant, la DCPJ attise la crainte des « sangrenn » et ceux qui ne veulent pas perdre de temps.
Du racket institutionnel à « l’institution du trafic d’êtres humains »
Les agences de voyage sont assez fréquentées. Souvent de connivence avec des racketteurs, les « agences sont plutôt sûres, on évite les péripéties entretenues par les fonctionnaires de la DIE » informe un usager. Sinon, il semble opportun de recouvrir à « l’institution du trafic des êtres humains » insiste t-il.
Une pratique assez populaire qui semble ne plus retenir l’attention. Elle est chose normale. Au vu et au su de tous, des gens ont pour spécialité « d’aider d’autres à laisser le pays par des moyens irréguliers ». […] « Ils sont très demandés et fonctionnent presque sans contrainte » regrette un intervenant de l’office national de la migration.
Des files d’attente interminables devant les ambassades
Les ambassades et consulats sont bien connus. Des files d’attente interminables sont là pour témoigner de l’engouement de partir. « Beaucoup d’appelés et surement peu d’élus », une expression justifiée à 400% dans ce domaine. Visas américains : seulement 3 demandes sur 10 sont agréées. Toutefois, cette réalité n’est pas suffisante pour freiner le parcours du combattant, qui reprend bien vite à la tâche ou emprunte d’autres passerelles.
Exempts de visa pour le Chili, entre autres, les haïtiens trouvent une autre porte de sortie. Une aubaine longtemps ignorée, qui est actuellement exploitée à fond. Après la Visite officielle de Michèle Bachelet : Tout « part »et pour le Chili. Une situation, si bien entretenue, dont la fin ne semble pas être pour demain.