Port-au-Prince, le 6 mars 2017
Lettre ouverte à S.E.M Jovenel Moïse
Président D’Haïti
Monsieur le Président,
Je vous écris avec l’espoir que l’esprit d’ouverture et l’humilité, dont vous avez fait preuve tout au long de votre campagne, vous inciteront à prendre connaissance de la présente en dépit du fait que ces lignes sont rédigées par une plume des plus anodines.
Je rêve d’une Haïti où je pourrai vivre libre et comme un être humain et c’est l’essence même de ma correspondance. Certains changements peuvent prendre du temps comme l’établissement d’une justice saine, fiable, coercitive en lieu et place de cette justice répressive en proie à des métamorphoses politiques. Cependant je peux pointer du doigt certains détails qui feraient une différence certaine dans notre vie quotidienne mais qui ont défié plusieurs gouvernements.
Notre pays est sale. Portail Léogane est un cas extrêmement préoccupant parmi tant d’autres. Obtenir un passeport haïtien, un compteur électrique etc. est un exploit en Haïti. Je sais bien monsieur le président que nous n’allons pas au palais demander un passeport encore moins un compteur mais dans vos prochaines prises de décisions, choisissez de nommer selon la compétence et non le bon vouloir des proches, ou pour « faire politique ».
Vous n’êtes sans doute pas un habitué des transports en commun mais voyez-vous dans les camionnettes, les bus coincés, les taxis sales, les haïtiens sont entassés comme des animaux et ce n’est pas normal. Aussi, nos véhicules de transport en commun ne répondent à aucune norme de sécurité universellement acceptée.
Je voudrais aussi vous parler des enfants dans les rues qui sont livrés à eux-mêmes et qui dorment aux pieds des statues de nos héros. Ces enfants sont une menace à court terme et à long terme car s’ils nous dérobent maintenant nos sacs à main, nos téléphones et se dissimulent derrière les bus pour nous subtiliser bien plus, ils seront nos pires ennemies demain. Aucun changement durable ne peut être possible sans leur prise en charge.
Ce ne sont pas vos attributions directes mais je m’adresse à vous en regard de l’article 136 et l’article 28 de la constitution car les prochains directeurs généraux ou ministres devront faire refléter dans leurs actions et résultats le désir de changement que vous prônez et dont le peuple a si faim.
Je vous prie de ne voir en ma démarche que le verbe collectif d’un peuple désireux de vivre mieux.
Monsieur le Président ; pour ceux qui luttent, pour ceux qui s’enfuient du pays vers le chili, le brésil etc, ceux qui espèrent désespérément une Haïti meilleure ; choisissez de bâtir une nouvelle Haïti.
Saïka Céus