René Préval, le Président qu’on aime et qu’on n’aime pas est tantôt considéré comme un rusé, un soumis ou tantôt comme un fin politique, un diplomate de haut rang. La raison est qu’il n’aimait pas trop s’exprimer pour convenir avec des jeunes qui l’ont rencontré. Marié à trois fois, il a eu deux filles Dominique et Patricia. Présentation du politicien le plus insaisissable en 3 moments.
1943-1975 : un homme est né et se construit…
Né le 17 janvier 1943, il a fait des études primaires et secondaires au Petit Séminaire Collège Saint-Martial. Il est fils de Claude Préval, sous-secrétaire d’État de l’Agriculture dans le gouvernement du Général Magloire, prédécesseur de François Duvalier. Contraint de quitter le pays, il part en exil avec sa famille.
En 1963, il décrocha son diplôme en agronomie en Belgique à l’Université Catholique de Louvain où il a aussi étudié la gestion à l’Université de Gembloux. L’ancien Président a également étudié la biologie à l’Université de Pise en Italie. Serveur dans des restaurants aux Etats-Unis dans les années 1970, il était revenu dix ans plus tard en Haïti.
1975- 1990 : La construction du Politique
De retour en Haïti, René Préval avait travaillé à l’Institut National de Ressources Minières. Peu de temps après il a ouvert une boulangerie. En 1980, René Préval rencontre Jean Bertrand Aristide, jeune Prêtre qui prenait parti contre le pouvoir des Duvalier. Dix ans après René Préval qui était une personne réservée mais intéressée au mouvement de la gauche, devenue très proche d’Aristide, il a intégré son mouvement baptisé Lavalas. René Préval était devenu son conseiller. De ses yeux à ses oreilles, il est devenu son jumeau, son « marasa ». Dans l’intervalle, il a dirigé le Fonds d’Assistance Economique et Social (FAES).
1991- 2017 : L’homme d’Etat
Le 13 février 1991, René Préval est devenu Premier Ministre d’Aristide. Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1991 Jean Bertrand Aristide est victime d’un coup d’Etat et part pour l’exil. Préval le suit. Ils reviennent au pays en 1994 et un an après, René Préval se présente comme candidat aux élections présidentielles sous la bannière de l’ « Organisation Politique Lavalas » (OPL) connue aujourd’hui sous le nom d’ « Organisation du Peuple en Lutte ». Avec un pourcentage de 88%, il est élu à la tête du pays pour un mandat de 5 ans : 7 février 1996-7 février 2001.
En 2006 à la suite d’un second coup d’Etat contre Jean Bertrand Aristide en 2004 et la transition Alexandre-Latortue, René Préval est réélu pour un second mandat mais cette fois avec 65% des votes. 14 Mai 2006-14 Mai 2010. Très reproché, beaucoup ont quand même vu en lui une personne sur qui le pays peut compter malgré son silence aux moments où le pays nageait dans de profondes crises (le chômage, la faim, l’insécurité etc.)
…. s’il faut l’oublier !
Témoin des grandes catastrophes des 30 dernières années durant ses deux mandats : « naufrage, inondations, séisme » ; ses slogans préférés « naje pouw soti » ou « pase pranm. … » ont fait penser à un manque de leadership. Ce qui pour d’autres, à cote de plusieurs anecdotes de sa vie de dirigeant, est un signe puissant d’un grand gestionnaire de conflit et de contradictions.
René Préval, dont l’influence aura été déterminante dans l’histoire contemporaine d’Haïti, meurt ce 3 Mars 2017 d’un Accident Cardiovasculaire (AVC). Il reste de l’avis de tous un grand rassembleur, un fervent partisan du pluralisme politique. Il demeure le seul chef d’Etat haïtien issu d’élections à avoir bouclé deux mandats constitutionnels (1996-2001 ; 2006-2011) dans toute l’histoire du pays. Il y restera vivant ; de son empreinte, la vie politique et sociale en restera profondément marquée.
Haititweets
Avec la contribution de Margella Douyon