Par sa prestation de serment ce mardi 7 février, Jovenel Moïse est devenu officiellement le 58e président d’Haïti mettant du même coup un terme au chapitre de cette crise électorale depuis 2015. Beaucoup de travail à abattre au regard de la situation sociopolitique et économique précaire que connait le pays depuis plus de 30 ans…
La refondation, la bonne gouvernance et le bon voisinage
Le système politique d’Haïti se caractérise fondamentalement par les trois pouvoirs : l’exécutif, législatif et le judiciaire. La constitution définit la compétence de ces trois pouvoirs. Pourtant l’excès de pouvoir constitue une entrave à la bonne marche des institutions. Ici tout est politique ; ainsi les rôles sont souvent inversés, controversés et, pour certains, illimités dans la pratique.
La tâche s’annonce difficile pour le nouveau locataire du palais national face un système très faible, mal organisé et limité. Il va devoir s’assurer effectivement du « renforcement des institutions et notamment la nomination des juges de la cour de cassation, la formation d’un Conseil Electoral Permanent, la bonne gouvernance, l’intégration des collectivités territoriales dans la Res Publica, l’accompagnement des partis politiques, la continuité de l’Etat, la conférence nationale et la conclusion d’un nouveau contrat social… réduisant les clivages ».
Tant de défis pour la prochaine administration de Jovenel pendant que le débat est ouvert sur la refonte de la constitution. Ce dossier engrange des avis divers et divergents. Que faire Monsieur le Président ? Vous allez devoir trouver la meilleure formule et le bon timing !
Sur le plan diplomatique ; la normalisation, dans le respect mutuel, des relations entre Haïti et la République Dominicaine est une nécessité. On se souvient comment cela a amplement dérangé la présence de militaires dominicains sur le sol d’Haïti ; fut-ce même pour apporter de l’aide aux victimes de Matthew. Aussi, l’administration de Jovenel Moise devra faire face aux problèmes d’identification, de déportation massive des haïtiens sans papiers de la république dominicaine et d’autres pays de la région vers Haïti.
Remonter la pente raide….
Le taux de chômage est très élevé. Ces trente (30) dernières années, Haïti consomme plus de 60% de produits étrangers et n’exporte de plus en plus. Sa production nationale est de plus en plus faible et un PIB qui laisse à désirer. Qui plus est le budget national est financé à plus de 60% par des fonds étrangers. Donc le budget de l’État n’est pas extensible; et la gourde se déprécie de jour en jour par rapport au Dollar américain. En outre, le programme PETROCARIBE, qui a permis à l’Etat de souffler, n’est pas garanti pour les 5 prochaines années. Par ailleurs, aucune institution internationale ne prête à Haïti depuis près de dix ans.
De ce fait, la relance et la croissance économique – la prévision est négative pour 2017- serait une épée Damoclès sur la tête des nouveaux responsables du pays, vu que le pays connait actuellement une pauvreté extrême dans laquelle patauge plus de la moitié de la population. Tous ces aspects sont autant de questions que le prochain gouvernement devra apporter une réponse.
Redonner espoir…
Haïti connait actuellement une fuite de cerveaux vers les pays de l’Amérique latine et du Nord. Plus de 30,000 haïtiens sont en transit au Mexique vers les Etats Unis d’Amérique (USA). Des centaines des milliers sont émigrés au chili et au Brésil au cours des 5 dernières années plus précisément.
Sur le plan environnemental il y a la menace sismique, les intempéries récurrentes, le manque de services de base: infrastructures routières, santé, logement, éducation, électricité, eau potable et autres; la bidonvilisation galopante sont autant des besoins sociaux et immédiats que Le nouveau gouvernement n’a pas encore trouvée l’équation appropriée pour les endiguer. Le nouveau Président et son équipe devront rectifier, « bousculer » et innover afin d’améliorer les conditions matérielles d’existence de la population haïtienne.
Ce long héritage est maintenant sur vos épaules. Bienvenue Monsieur le Président sur le chantier… ce sera le poids que vous allez gérer tout au long de votre quinquennat. Le bon maitre d’œuvre fait appel à de bons ouvriers, dit le dicton. Bon travail
Haititweets