Le Sénateur élu de la Grand-Anse, Guy Philippe est « livré », arrêté et extradé vers les Etats-Unis ; dans « Une procédure administrative », apparemment humiliante, de moins de 5 heures. Entre manifestations d’indignation et de colère ; entre réflexions et réactions violentes ; que doit-on comprendre ?
Faire ingérence renvoie à la non invitation d’un ou de plusieurs acteurs dans une situation, un contexte, un pays ; où aucun accord, traité, convention n’ont jamais été conclus au préalable entre les parties concernées. Par exemple, l’invasion de la Pologne par les nazis en 1939, l’intervention des forces irakiennes en Koweït en 1990 et plus près de nous l’intervention « à peine voilée » de quelques ambassades dans les élections du 25 Octobre 2015.
Juridiquement parlant, les accords signés sur le trafic illicite des stupéfiants sous le gouvernement Préval-Neptune en 1997 et ceux du blanchiment des avoirs et contre le terrorisme sous le gouvernement Privert- Jean-Charles, lesquels accords ont été signés hâtivement par les 47e et 50e législatures, confèrent le plein pouvoir aux agents d’Interpol et de DEA de déporter n’importe quel citoyen haïtien vers le sol des USA, pour répondre aux accusations proférées contre lui.
Si ce dernier est déclaré coupable, il sera incarcéré sans autre forme de procès, à moins qu’il compte lâcher quelques complices en espérant une réduction de sa peine : Jacques Ketan, Eddy-One et l’ex sénateur Fourel Célestin en sont un témoignage vivant de l’application stricto sensu de ces dits accords. Cependant, le nœud-gordien se trouve dans l’article 141 de la constitution amendée stipulant clairement : « Aucun haïtien ne peut être déporté vers un autre pays pour ses crimes commis en Haïti ». La 50e législature a du pain sur sa planche !
Stratégiquement, pour ceux et celles qui suivent ce feuilleton depuis 2004 entre Guy Philippe et les agents de la DEA, nous savions pertinemment que Guy Philippe est recherché pour des accusations « fondées ou non » par la DEA. Et si ce dernier attendait le bon moment pour se faire appréhender, afin d’être blanchi légalement par ses mêmes détracteurs ?
A peine élu, il refait surface tout en annonçant les couleurs ! Couvert de son « immunité parlementaire », il sait pertinemment que son arrestation va faire des remous sur la scène politique. Ses collègues parlementaires ne vont pas rester sans rien faire face à cette forfaiture. Tout ou presque tout est à son avantage. A présent, son statut de parlementaire victime, entre autres, d’une « incohérence juridique » et de non respect de la constitution ; lui donne droit d’espérer que son séjour dans le « Big Apple » n’est pas pour longtemps.
Une chose est certaine : nos lendemains politiques sont incertains et notre souveraineté n’est qu’un vain mot face à l’armada des accords déjà signés par nos dirigeants passés et actuels.
Alcide Célestin